Lucky Peterson : Pourquoi m’a-t-il fait acheter des Miel Pops ?

Lucky Peterson, bluesman américain qui savait manier le piano et la guitare d’une façon magistrale est décédé hier. Je ne peux pas citer un seul de ses titres de mémoire, ni chantonner directement un de ses airs mais il est très important dans ma vie… Vous allez comprendre pourquoi.

J’apprends son décès dans mon fil d’actualité Facebook en grignotant quelques boules de Miel Pops … Et là, tout me revient. Nous parlons d’un temps que seuls les personnes qui ont le droit de regarder « The Social Network » connaissent . Sans Lucky, je n’aurai pas acheté ce paquet de Miel Pops. Je lui dois beaucoup !

2009, Papa vient de partir. Je me retrouve célibataire dans la foulée. Je me mets donc à parcourir les différentes salles de concert de Paris et sa banlieue pour photographier l’Instant. Le tout début de mon aventure photographique… Je m’épanche sur ma situation personnelle avec une collègue, à la croisée de Dewey et de Goethe. Son mari passe également beaucoup de temps dans les salles obscures pour capter ces instants furtifs… Elle nous organise donc un rendez-vous. Le choix est pris pour se retrouver lors du concert de Lucky Peterson à La Coupole de Combs la Ville. Auteur photographe affirmé, il obtient deux accréditations pour le concert et m’en fait profiter. Nous nous retrouvons au tout début du concert mais n’avons pas pu échanger beaucoup de mots. Les 3 chansons s’enchaînent, nous posons nos appareils photo pour discuter.

Le courant passe de suite avec ce Walter White qui a troqué les cristaux de métamphétamine pour les sels de nitrates d’argent. Nous parlons durant toute la suite du concert, avec Lucky Peterson en fond sonore qui, de sa voix chaude, donne une dimension magique à ce moment. Cette rencontre reste gravée dans ma mémoire, tant pour cet instant très fort que pour les conséquences qu’elle va avoir pour le reste de ma vie.

Walter White devient un mentor pour moi : il a tellement à m’apprendre ! Il me donne différentes astuces sur le métier en me corrigeant, il a des réponses à mes questions de jeune photographe. Grâce à lui, j’organise ma première exposition dans une salle de concert du Val de Marne. Et devinez qui sera affiché sur les murs du Hangar ? Les mains de Lucky Peterson sur sa guitare… Et oui, je vous dis qu’il est partout dans mon apprentissage ! Mais ce n’est pas tout ! Ce même dealeur d’image me propose, au mois de juin de participer à un festival qui m’avait refusé mon accréditation car trop jeune dans le bain.

Lors de ce festival, qui a vu s’enchaîner Alain Souchon, Florent Pagny, Renan Luce, Les Blues Power Band (avec Juliette Dragon) et Olivia Ruiz, je pénètre dans le petit groupe des photographes de concert. Moi qui travaillait toujours tout seul, je découvre une ambiance bonne enfant et une vraie solidarité entre les photographes. Une jeune fille gravite autour d’eux : elle écrit des chroniques pour un magazine web. Nous nous découvrons durant ce week-end et décidons de nous revoir la semaine suivante. Deux ans plus tard, nous passons devant le maire, et ce cher Walter White en est doublement témoin : par l’écrit et par l’image. Même s’il a choisi de trouver le bonheur dans les prés truffiers avec sa Nina Hagen et leur empereur, cette petite famille compte beaucoup pour moi, malgré mon silence assourdissant.

En grignotant mes Miel Pops volés dans le bol de l’une de mes progénitures, j’apprends donc que l’artiste qui a permis que tout ce qui a fait de ma vie ce qu’elle est devenue, a disparu. Je suis nostalgique et je vois quel chemin j’ai parcouru grâce à Lucky, Walter et Nina ! Merci à eux ! Et Adieu l’artiste !

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